Entretien avec l’humoriste Shirley Souagnon : « Il ne faut surtout pas avoir peur de faire » A 29 ans, l’humoriste Shirley Souagnon n’...
Entretien avec l’humoriste Shirley Souagnon : « Il ne faut surtout pas avoir peur de faire »
A 29 ans, l’humoriste Shirley Souagnon n’est plus à présenter. Festival de Montreux, Juste pour Rire à Montréal, Jamel Comedy Club, Engrenages
La franco-ivoirienne native de Clichy ne chôme pas. Entretien en toute spontanéité en direct du Sentier des Halles à Paris où elle rode son troisième spectacle.
D’où vous vient cette envie de monter sur scène ?
J’ai toujours écrit depuis que je sais écrire. Des poèmes et des chansons quand j’étais gamine avec mon petit cahier. J’ai très vite écrit des sketchs. D’une enfant de six ans bien sûr. Je forçais mon cousin à jouer. On jouait ça devant ma famille chez ma tante le week-end. Je ne sais pas pourquoi j’aimais faire rire. Puis à 8 ans, j’ai un oncle comédien qui m’a proposé de faire un casting. J’ai commencé à faire des téléfilm, j’aimais la comédie, les caméras, les décors des studio. Je me suis retrouvé dans la série Navarro. Et puis cela a révélé ma curiosité créatrice. J’ai fait une publicité pour l’Euro 96, et joué dans un flim avec Michel Aumont. Je faisais du basket à l’époque. J’avais envie de devenir professionnel. Puis dix ans après, c’est revenu comme un truc inconscient, c’est là que je me suis mis au théâtre. J’avais 18 ans.
Et le basket dans tout cela alors ?
Je n’avais pas un niveau de fou, je n’étais pas dans un club de haut niveau mais je jouais beaucoup dehors. Je suis partie à l’âge de 17 ans pour un stage à Houston aux Etats-Unis avec un ami de la famille qui était en NBA à l’époque. Il avait une association où il a fait rencontrer des basketteurs français semi-pro avec des Américains pour faire des tournois. Des gens m’ont repéré. J’ai été accepté à l’université mais j’ai finalement décidé de revenir en France pour me mettre au théâtre.
Quels chemins avez-vous emprunté pour enfin arriver sur scène ?
J’ai pas mal d’artistes dans ma famille. J’allais souvent les voir au théâtre. A 18 ans, je suis entrée dans la troupe du Théâtre 13 pendant deux ans, pour apprendre les bases avec notamment Marie de Bailliencourt qui est passée par La Cartoucherie. Il y avait beaucoup de gens du Conservatoire. Le côté pédant et ce sérieux, je ne comprenais pas. On peut être cultivé sans se la raconter. Certains élèves ne partageaient pas grand chose. Je viens du basket, j’avais besoin que la balle tourne. Mais bon, j’ai finalement fini seule sur scène.
Parlez-nous de votre première scène…
J’étais allé voir une scène ouverte présentée par Hamed Delo. Il y avait beaucoup de noirs qui faisaient des sketch avec des accents. Et j’ai fait un premier sketch avec une pseudo candidate ivoirienne aux élections présidentielles. En fait c’est la première et dernière fois que j’ai fait un sketch avec un accent car c’est super raciste. Quand tu fais ce métier, t’as l’impression d’être Jeanne d’Arc. T’as des voix dans ta tête et tu te sens obligé de le faire. T’es un peu habité. Parfois tu dors, il y a des messages qui t’arrivent. Quand j’ai commencé, j’étais dans une folie, dans une inconscience qui était chouette. Au fur et à mesure, le trac commence à arriver et tu fais vraiment le métier.
Voici dix ans que vous parcourez les scènes, les plateaux télé, les tournages… Que retenez-vous en particulier ?
Tout ! Ce que j’ai fait m’a permis de comprendre plein de choses et de continuer à avancer. J’ai eu des désillusions à la télé car j’ai vu beaucoup de gens cultiver leur égo en permanence. Au départ j’avais un blocage total avec ce milieu car je pensais que nous étions là pour divertir les gens alors qu’ils sont là pour se divertir eux. Maintenant j’accepte. On dirait qu’il y a de l’aigreur mais pas du tout. L’être humain est emprunt à être dans l’égo et ce milieu-là le révèle encore plus. Si tu ne gères pas bien ça, tu peux vite perdre ton âme profondément. On change, forcément. Quand tu as ton premier chèque bien payé et que l’on te félicite pour ça, comment veux tu changer. C’est un piège à con. Quand tu fais de la scène, on vient te chercher pour faire de la télé. Tu peux l’oublier. Car chroniqueuse c’est un autre métier, mais ce n’est pas mon travail. A la télé, on te demande rarement ton avis. Ils ont eu beaucoup de mal avec moi.
Sur le même thème: